Peut-on remédier à l'échec scolaire ?

Journaliste

Quels sont, selon vous, les principales causes de l'échec scolaire ?

Charles Chahine

Je me limiterai aux matières scientifiques que je connais le mieux. Dans sa classe, le Professeur adapte ses cours et les exercices qu’il propose au niveau moyen de ses élèves. Tout le monde sait qu’une partie seulement des élèves arrive à suivre : les quelques élèves brillants ou ayant étudié le sujet à l'avance. La majorité des élèves prennent des notes, pour les étudier à la maison, en les complétant à partir du livre de classe s'il y a lieu. Les élèves qui ont décroché, parfois depuis plusieurs années, perdent leur temps, se sentent en situation d’échec et perturbent souvent la classe. Le drame, c’est que le décrochage résulte souvent de quelques lacunes que la majorité d'entre eux pourrait combler, si on leur donnait les moyens. Malheureusement, le mode de fonctionnement actuel de notre système éducatif ne permet pas aux enseignants de combler en classe les lacunes des élèves en difficulté.

Journaliste

Votre vision de notre Système Educatif n'est-elle pas trop pessimiste ?

Charles Chahine

Notre Système Educatif, que je qualifierais d’élitiste, pouvait convenir il y a 40 ou 50 ans : sélection des élèves les plus brillants (et/ou les plus aidés) pour les postes d’Ingénieurs, de Cadres, de Scientifiques, de Techniciens Supérieurs etc., et orientation des autres élèves vers des emplois non qualifiés, disponibles à profusion. Aujourd’hui, la majorité des emplois non qualifiés a disparu et les élèves rejetés prématurément, sans formation de base, se retrouvent souvent au chômage. On ne peut pas continuer à enseigner de cette manière.

Journaliste

Que faut-il faire selon vous ?

Charles Chahine

Faire travailler chaque élève à son rythme et à son niveau, impensable hier mais possible aujourd'hui. Dans la Méthode Evalutel, tout élève peut aborder les Mathématiques, la Physique et les autres matières au niveau qu’il maîtrise, fût-il très éloigné du niveau moyen de la classe où il se trouve. C’est la pédagogie différenciée conçue pour être mise en œuvre concrètement.

Journaliste

Cela implique que les élèves d'une même classe ne travaillent pas forcément sur les mêmes sujets et ne font plus le même programme !

Charles Chahine

Effectivement ! Mais quels sont les inconvénients et pour quels avantages ? L’objectif du Professeur ne serait plus de terminer un programme officiel mais de faire réussir individuellement chacun de ses élèves au maximum de ses capacités. De cette manière, la différenciation entre élèves ne se ferait plus par l’orientation (souvent prématurée) des élèves les moins rapides ou qui sont temporairement en difficulté. Les élèves les plus doués ne seraient nullement handicapés mais au contraire, ils auraient la possibilité d'aller de l'avant ou d'approfondir les sujets étudiés dans leur cursus scolaire.

Journaliste

Cela suppose-t-il que les élèves étudient individuellement ou par petits groupes, chacun sur son ordinateur, les sujets proposés par le Professeur ?

Charles Chahine

Tout à fait, et cette idée est révolutionnaire ! Dans la Méthode Evalutel, tous les élèves son occupés à travailler et réussir les exercices qu’ils sont en train de faire. Le Professeur fait beaucoup moins de cours magistraux, que seuls certains élèves peuvent suivre, au profit d’une aide individualisée aux élèves qui en ont le plus besoin.

Journaliste

La solution que vous préconisez pour lutter contre l’échec scolaire est logique et attractive. Pourquoi n’a-t-elle pas été mise en œuvre ?

Charles Chahine

Pour cela, il ne suffit pas d'avoir des ordinateurs ! Il faut des programmes numériques permettant à chaque élève de travailler à son rythme et à son niveau et d'être corrigé individuellement.

Journaliste

Mais l’équipement informatique individuel des élèves coûte cher !

Charles Chahine

Oui, mais ce coût est faible par rapport au coût de l’échec scolaire et aux vies gâchées. Les vrais moyens qui manquent, ce sont les logiciels capables de prendre en charge les élèves et de les faire progresser. C’est la seule manière de libérer l’enseignant pour lui permettre de s’occuper individuellement de tous ses élèves, y compris ceux qui ont des difficultés.

Septembre 2013
Charles Chahine.